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LA LUMIERE BLEUE

par Paul Féval Fils et Henri Boo-Silhen, Albin Michel, 1930.

Résumé : Non loin de la route qui va de Biarritz à Guéthary se dresse la villa Bakhea, "la paix" en Basque. Etrange demeure dont les murs doublés d’un rideau de lierre dissimulent au yeux de notre héros le mystère qu’il devine s’y cacher. Ses parents aiment à convier à dîner des personnalités du cru comme ce docteur Surgères qui leur a été présenté par le baron Kalinine. Un soir, notre héros, Georges Rambaud, autant l’appeler désormais par son nom, remarque que Surgères s’entoure d’un luxe inouï de précautions avant de pénétrer dans la mystérieuse villa. Grâce à ses accointances avec le commissaire de police local, Georges apprend que la villa appartient au défunt comte de Flossanges-Runel, ancien consul de France à Varsovie. Le docteur aurait-il une liaison avec la comtesse ?

Cette hypothèse simpliste est vite battue en brèche. D’autant plus qu’au cours d’un dîner ultérieur donné chez les Rambaud, le docteur fait preuve d’une incroyable clairvoyance. Il décrit dans les moindres détails à un convive anglais le tragique événement auquel ce dernier a assisté et dont toute la France parle : la mort du prince impérial Napoléon occis par la lance d’un Zoulou quelques mois auparavant. Georges veut à tout prix percer le secret du bon docteur en s’introduisant dans la mystérieuse villa désertée. Il y découvre un laboratoire de chimie et des carnets de feuillets vierges composés d’une substance étrange ni verre ni métal. Poussant par mégarde un commutateur, il fait jaillir une lumière bleue sous le faisceau de laquelle apparaissent sur les feuillets des signes formant une écriture inconnue. Georges note le titre d’un livre consacré aux mensonges des spiritualistes et des spirites dans la bibliothèque qui regorge d’ouvrages scientifiques, puis il quitte la demeure de plus en plus perplexe.

Au cours d’un autre dîner chez les parents de Georges, le docteur démasque un soi-disant roumain Mr. Antouresco qui, dans la conversation, s’est gaussé des armées britanniques et françaises et a glorifié l’armée allemande. Après s’être isolé à la vue de tous, sauf de Georges qui l’a aperçu scrutant l’un de ses déconcertants carnets dans l’étrange lumière bleue, le docteur revient accuser Antouresco d’être en fait le colonel Wundt, chargé d’une mission d’espionnage au profit du service allemand "d’Eclairage secret". Magnanime, le docteur enjoint à Wundt de quitter la France sur le champs. Après quelques jurons prussiens adressés à lui-même, l’espion obéit à cet homme auquel on ne peut rien dissimuler. Georges en déduit que Surgères a trouvé un moyen inédit de lire la pensée d’autrui.

Plus tard, une lettre anonyme vient conseiller à Georges de retirer les fonds que sa famille possède à la banque B. Bien leur en prend, car le banquier est arrêté le lendemain soir à la frontière avec une partie de l’argent qu’il a détourné. Péripétie qui porte encore la marque du docteur, se dit Georges. Un jour, Surgères le convie à prendre le thé chez lui. Il contemple dans le salon le portrait d’un Hindou énigmatique aux yeux d’aigle, sans doute ce condisciple de la Faculté de Médecine que le docteur mentionna durant l’un de ces sempiternels dîners. La santé du docteur semble chancelante. Il engage la conversation sur un article inepte de cet idiot de Richart (!) consacré à la transmission de pensée.

Prenant le contre-pied de son hôte, Georges cite les plus grands esprits scientifiques compétents en matière de "physiologie-psychique" : les Crookes, Lombroso, Flammarion, Richart, Wallace, Baraduc,etc. Surgères ne nient pas les phénomènes paranormaux. Il se méfie plutôt des explications psychiques habituellement fournies et les associe à de simples croyances. Pour lui, la transmission de pensée ne peut être qu’un phénomène purement physiologique. Lorsque Georges mentionne le titre du livre qu’il avait noté dans la villa, Surgères lui demande comment il a pu se procurer ce livre si rare. Au même moment, il pose son étui à cigarette d’une façon très étrange. Georges a le pressentiment qu’il s’agit de l’arme merveilleuse servant à pénétrer la pensée d’autrui et menace le docteur de lui brûler la cervelle sur le champ avec son revolver. Georges fait comprendre qu’il n’autorise à personne le droit de savoir ce qu’il pense, puis il quitte la maison laissant un Surgères effondré derrière lui.

Le jour suivant, Georges reçoit une lettre du docteur le priant de revenir le voir. C’est ainsi que Surgères lui révèle son secret. Pendant des années, le docteur a cherché à prouver l’existence des effluves cérébraux. Trouvant dans Spinoza, le point de départ de ses réflexions, il a repris à son compte les expériences de Reichenbach et de Baraduc sur les fluides colorés qui émanent du corps humain, sans toutefois, adhérer aux superstitions de la psychologie officielle imprégnée de spiritualisme et de métaphysique. Enfin, grâce à la lumière bleue et à des plaques de platino-cyanure de baryum, il a réussi à photographier la pensée sous la forme de signes bizarres. Il en conclut qu’il s’agit d’une véritable écriture idéographique. Il réussit à la déchiffrer et conçoit ensuite l’étui à cigarette qui lui permet de réaliser en toute discrétion des clichés de la pensée des personnes se trouvant devant lui. Ainsi, s’explique les incroyables révélations faites durant les dîners précités.

Le lendemain, Surgères fait visiter le labo de la villa Bakhea à Georges. Mais, pris de quintes de toux extrêmement violentes, le docteur est ramené chez lui. Georges est peu après mandé par la comtesse de Flossanges-Runel chez le docteur qui avant d’agoniser lui avoue qu’il n’a rien laissé par écrit de sa découverte. Six mois après le décès du docteur, Georges reçoit la visite du professeur Vizahianah, en qui il reconnaît l’hindou du portrait et qui lui demande de lui indiquer le tombeau de Surgères pour y déposer des roses bleues du Bengale. Elles ont supporté le voyage grâce à un procédé spécial, lui déclare l’hindou avec une pointe d’ironie. En se recueillant sur la tombe, le professeur explique que Surgères l’a sauvé jadis deux fois du déshonneur, peut-être même du crime. Et Georges peut alors se demander si : "en reconnaissance du bienfait reçu, le singulier Hindou, avait-il soulevé, devant son ami, un coin du voile qui cache aux yeux des étrangers la Science insoupçonnée des Brahmanes et les mystères impénétrables de l’Inde".

Note : Le polaroïd de la pensée inventé par le docteur Surgères eut été bien utile entres autres à Ted Serios ; ce type qui dans les années soixante exposait psychiquement de la pellicule vierge avec l’aide de bidules en plastique baptisés "Gizmos".

© Jean-Louis Brodu 2003

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